Histoire de détail

Traces intimes.

 Ce que je cherche avant tout dans un lieu abandonné, ce sont les détails. Une paire de lunettes oubliée sur une commode, une assiette encore posée sur la table, un livre à demi-ouvert sur une table de chevet. Ces fragments de quotidien figés par le temps sont souvent ce qui me touche le plus.

Beaucoup moins tape-à-l’œil, moins attractifs et moins « vendeurs » qu’un plan large d’une pièce meublée, ces détails souvent insignifiants, invisibles au regard du commun, sont justement ce que je recherche et ce que j’aime par-dessus tout.

Pour moi, il y a autant de beauté et de force dans une cafetière oubliée que dans une vue d’ensemble d’une salle à manger. C’est dans ces objets simples que réside l’émotion brute, la mémoire silencieuse.

Dans ces maisons délaissées, je prends le temps. J’observe, je m’attarde, je photographie des choses que d’autres ne remarqueraient même pas. Ces petits éléments racontent des histoires discrètes, presque invisibles, mais profondément humaines.

Je ne suis pas là pour documenter l’ensemble d’un bâtiment, mais pour capter ce qu’il en reste d’intime. Chaque détail devient alors un point d’ancrage, une trace d’existence, un souvenir muet. C’est peut-être ça, pour moi, l’essence de l’urbex : révéler ce que le regard pressé oublie. Faire parler les choses simples. Approcher l’invisible.